Appel à communication Colloque Rosa Luxemburg, le socialisme contre la barbarie

Montréal, 6-7 juin 2019

L’année 2019 marquera le 100e anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg par des milices d’extrême-droite. Pour cette militante et théoricienne, le socialisme n’avait rien d’inéluctable et l’incapacité à le faire advenir était lourde de toutes les barbaries. Les cent dernières années lui ont malheureusement donné raison avec la montée des fascismes, la poursuite des massacres coloniaux, divers génocides, des catastrophes écologiques induites par l’action humaine et les menaces aux droits en invoquant la sécurité, pour n’évoquer que quelques-unes des formes qu’a prises la barbarie. Aujourd’hui, alors que l’extrême-droite gagne du terrain partout sur la planète et participe au gouvernement de plusieurs pays considérés comme démocratiques, un retour sur la pensée de Luxemburg peut s’avérer salutaire pour réfléchir à certains des enjeux qui sont les nôtres et entrevoir certaines pistes de lutte contre les barbaries auxquelles nous sommes actuellement confronté.es.

Nous sollicitons donc des propositions autour des 4 axes suivants :

L’impérialisme et l’accumulation infinie du capital. Rosa Luxemburg est une fine analyste des développements du capitalisme à son époque. Loin de considérer que l’accumulation primitive appartenait au passé, elle a montré que l’impérialisme réitérait sur de nouveaux territoires des processus à l’origine du développement du capitalisme européen. Elle montrait également que le militarisme et le massacre des populations colonisées sont intrinsèques à l’accumulation par dépossession. Qu’en est-il aujourd’hui des dimensions non seulement économiques mais également politiques de son analyse de l’impérialisme? Comment cette analyse se transpose-t-elle aux formes contemporaines de colonisation et de dépossession?

La politisation des opprimé.es. Comment transformer l’oppression en action politique émancipatrice? Quel est le rôle de l’action politique dans la politisation des groupes sociaux dominés? Si la réflexion de Rosa Luxemburg a essentiellement concerné l’action émancipatrice de la classe ouvrière et a fait de la grève générale politique un outil important de politisation, comment tirer parti de ses réflexions dans un monde où les causes d’oppression sont multiples mais où l’on doit également penser que l’émancipation des opprimé.es sera d’abord le fruit de leur propre action collective. Comment penser la convergence des luttes, l’organisation des résistances et la création de collectivités non oppressives? Comment, dans les pays qui se réclament de l’État de droit, préserver la liberté d’action collective face à la répression et à la criminalisation de la contestation sociale et politique?

Le nationalisme, l’antisémitisme et le racisme. La forme la plus visible du racisme en Europe avant la Première Guerre mondiale était probablement l’antisémitisme, ce qui n’a pas empêché les puissances coloniales européennes de procéder à une racialisation des rapports sociaux en soumettant les populations autochtones des pays colonisés à un mépris raciste et à une ségrégation entérinée par la loi. Par ailleurs, l’arme du nationalisme a été utilisée pour conférer certains privilèges à la classe ouvrière « nationale » des divers pays européens et faire en sorte que celle-ci se rallie à ses élites nationales. L’école et l’armée ont joué un rôle de premier plan dans la diffusion de ce nationalisme.  Qu’en est-il aujourd’hui de la mobilisation du « privilège blanc » par les élites sociales et politiques? Comment combattre efficacement le racisme, les formes contemporaines d’esclavagisme et les murs réels et symboliques qui se dressent un peu partout dans le monde?

Être juive, femme et militante d’extrême-gauche dans l’Europe du début du XXe siècle. Luxemburg soutenait ironiquement qu’elle et Clara Zetkin étaient les deux seuls hommes de la social-démocratie allemande. Ce faisant elle retournait contre ses adversaires politiques certains stigmates susceptibles d’entraver son activité politique. Se définir comme révolutionnaire alors que la tentation réformiste dominait le mouvement ouvrier européen de l’époque, être une femme alors que les femmes ne jouissaient pas de droits politiques, être juive dans des sociétés antisémites, tout cela plutôt que de freiner Luxemburg l’encourageait à militer pour un monde plus juste. Quelle est la part de ses circonstances biographiques dans ses choix politiques? De façon plus générale, de quelle façons nos modes d’identification influencent-ils l’élaboration de nos revendications et les formes que prennent nos luttes?

Les personnes intéressées à soumettre une communicationdoivent envoyer un résumé d’au plus 300 mots ainsi qu’une brève noticebiographique avant le 20 février 2019 à Diane Lamoureux (diane.lamoureux@pol.ulaval.ca)et Marie-Neige Laperrière (marie-neige.laperriere@uqo.ca).

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